Washington, La Mecque des Américains

Article : Washington, La Mecque des Américains
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6 octobre 2012

Washington, La Mecque des Américains

(Aurélie M’Bida/DR.)

Passage obligé pour les collégiens des quatre coins du pays, pèlerinage familial durant les vacances scolaires ou virée lors du weekend de l’Independance Day, les monuments et musées de Washington voient affluer en permanence des touristes modèles, des Américains en quête de culture et d’histoire, ciment de leur nation.

Trônant sur un monticule à l’est de la ville, rivalisant de grandeur avec le Lincoln Memorial situé à l’autre bout du Mall, ce quartier du centre-ville de Washington autour duquel les musées nationaux et la Maison-Blanche ont élu domicile, le Capitole accueille ce matin-là ses fournées de visiteurs. Il est 10h 15, une centaine de personnes ayant réservé le créneau est réunie dans un amphithéâtre aux allures de salle de cinéma. Sans tarder, les lumières s’éteignent. Les haut-parleurs entonnent un récit épique à l’appui d’un film sur la construction de la nation américaine. Tout a commencé par l’érection du Capitole en 1793, dix-sept ans après l’indépendance des Etats-Unis.

Dans la salle, des couples, des familles avec des ados, quelques personnes âgées, mais surtout un vrai melting pot de couleurs et de faciès. Tous parlent plus ou moins bien anglais. A l’accent on comprend qu’ils vivent dans le pays. Quelque part, cette assemblée de visiteurs correspond à l’image qu’on se fait de l’Amérique : une population bigarrée aux origines multiples composant un seul et même peuple métis et polyglotte.

10h 45, fin de la projection. La session est divisée en cinq groupes. Equipé d’un casque et d’un appareil de transmission « Guide-U » vert fluo, chacun suit son guide respectif pour la suite de la visite gratuite. Des dizaines de questions plus tard, midi arrive, le tour est terminé. Tout le monde semble ravi. Un couple de seniors latino-américains sort un plan de la ville, prochain arrêt : bibliothèque du Congrès, où sont conservés des trésors vieux de plus de trois siècles.

Ara Carbonneau est fille d’immigrés Québécois. Cette ancienne prof d’histoire officie depuis quatre ans en tant que guide au Capitole. Entre trois gorgées d’eau pour « s’éclaircir la voix avant le prochain groupe », elle explique comment une nation aussi disparate que la nation américaine est si soudée autour d’une histoire commune, ou qui l’est devenue. « Le Capitole leur appartient, c’est la représentation du pouvoir du peuple. Tout le monde sait ça dans le pays », commence la guide avant d’avancer le chiffre de 2,5 millions de visiteurs par an rien que pour la coupole, comme on l’appelle ici.

La citoyenneté américaine avant tout

« Les élèves de 13/14 ans doivent venir à Washington. C’est une obligation du programme d’histoire à la fin du collège », poursuit-elle. Mais au-delà du simple voyage scolaire, les élèves américains sont très tôt enveloppés par leur drapeau. C’est le Star-Spangled Banner à l’aplomb de chaque établissement scolaire, ce sont les chants à la gloire des pères fondateurs de la nation, les phrases sortes de maximes érigées en vérité qui sont disséminées de partout dans l’environnement des jeunes américains : à l’école, mais aussi à la télévision, à la radio, au cinéma, sur le packaging de certains produits alimentaires, le billet vert et bien plus encore.

Ils sont originaires du Kansas, de l’Ohio, de l’Etat de New York, sont Africains, Asiatiques ou Moyen-orientaux, ils ont la nationalité américaine depuis toujours, depuis dix ans ou depuis un mois, « ils ont tous en commun d’être Américains », conclut Ara Carbonneau. Pour éloigner toute velléité angélique de son propos, elle ajoute «  C’est face au reste du monde qu’on a le sentiment d’être une nation unie. Entre nous, nous pouvons nous déchirer. Mais en venant à Washington on prend conscience que le pays s’est construit par le rêve commun d’immigrés de se fédérer en Amérique ! » L’écho de la devise nationale « E Pluribus unum », qui soude les Etats-Unis, ne semble pas prêt d’arrêter de résonner dans les vastes couloirs du Capitole.

Aurélie M’Bida

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