Les aventures du « petit blanc » reporter

Article : Les aventures du « petit blanc » reporter
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23 mars 2013

Les aventures du « petit blanc » reporter

La plume d’Hergé dans les aventures de Tintin n’a pas fini d’être critiquée. Alors que je termine la (re)lecture de  » Tintin au pays de l’or noir « , voici mon regard sur cet opus. Retour sur un classique de la BD, éternellement lu et relu.

Son aventure congolaise ne lui a pas servi de leçon. Avec l’album Tintin au pays de l’or noir (1950), Hergé nous offre, vingt ans après, une nouvelle occasion de voir d’hérisser nos poils et d’échauffer nos oreilles. Je ne peux réprimer, à chaque fois, la crispation que ces bandes dessinées aux couleurs criardes me procurent.

Tintin, on en a fait le tour. De 1930 à 1970 ce n’était pas la plus belle période des relations humaines : colonialisme, ethnocentrisme, racisme… Le dessinateur belge ne fait pas exception. Il tombe dans le cliché avec Tintin au Congo (1931). Le jeune reporter  rencontre des indigènes. Coco, le plus navrant d’entre eux, est grimé par Hergé. Face noire comme du charbon, lèvres telles des chambres à air de bicyclette, il ne manquait plus que des narines en forme d’aspirateur.

Tintin au pays de l'or noir, coverNon, Coco a le nez plutôt aquilin mais son phrasé horripile : « Ca mauvais !… Ca y en a singe parlant !… Ca y en a mangé Tintin ! »

On pensait « l’incident » clos. On s’était trompé. Les aventures du célèbre reporter belge au pays de l’or noir sont encore plus exaspérantes. L’histoire : partout dans le monde, des moteurs d’automobiles explosent, l’essence est trafiquée ! Une crise pétrolière menace. Au Moyen-Orient, le cheik Bab El Ehr tente de renverser Ben Kalish Ezab. L’ami Tintin s’y rend donc pour déjouer le conflit. Parmi les Arabes, les Juifs, les Portugais, rythmant ce récit coloré, quelques employés africains se démarquent. Le serviteur du cheik porte lui aussi du cirage noir sur la figure, sa grosse bouche vire au rouge sang, ses gros yeux blanc exorbités sont caricaturaux.

Hergé a cependant tiré des leçons du passé, puisque celui-là reste muet. Pas un « missié », pas un « ça y en a ». C’était pourtant sans compter l’un des sbires du Dr Müller en page 50. Lui non plus ne parle pas, mais il est si grossièrement grimé que ça en est insultant pour le petit Noir qui lui a servi de modèle. Dire que Tintin a inspiré des vocations à bon nombre de journalistes en herbe…

Aurélie M’Bida

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Commentaires

Serge

et oui, Hergé était plongé dans le colonialisme... remarquez le rapport entre tintin et rambo, tous deux occidentaux qui portent haut les "valeurs de l'humanisme". Toujours, l'occidental en sauveur, ils agissent par droiture morale...
Assez contemporain, non?

Tilou

Honnêtement, je trouve que l'on exagère un peu en voulant faire le procès des aventures de Tintin. Ne serait-ce pas de la paranoïa? Je pose seulement la question.

Il y a aussi grossi les traits des blancs ou des chinois, etc. À mon avis il avait juste couché sa vision des choses en caricaturant son monde, mais sans grande méchanceté.

J'ai lu presque tous les volumes et je n'avais rien remarqué avant qu'on en fasse toute une histoire.

Serge

oh, mais personne ne remet en cause l'honneteté de Hergé, mais il est vrai aussi qu'il était totalement inscrit dans les schémas et codes de l'époque coloniale