Les médias du futur, pourquoi pas ?

Article : Les médias du futur, pourquoi pas ?
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31 mars 2013

Les médias du futur, pourquoi pas ?

Mars 2023, le quotidien papier est mort. La presse magazine survit dans les salles d’attentes des médecins. Ecrit, web, télé, radio sont regroupés en un seul et même média noyauté par des journalistes polyvalents. De leur côté, les journalistes d’investigation ont un peu la paix.

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Derrière la caisse de mon supermarché habituel, un monsieur grisonnant aux épaisses lunettes se débat avec une petite machine bleue. Sa carte bancaire entre puis ressort de la fente de l’appareil. Au bout de quelques minutes, il entreprend d’inverser le sens d’insertion de son moyen de paiement. Ça marche ! Une dizaine de pages imprimées sortent en liasse. « Vous venez d’acheter le Parisien. Merci de votre visite, à bientôt. » Le message enregistré de l’automate conclut la transaction.

Une scène des plus banales en ce début des années 2020. Les quotidiens papier ne sont plus édités depuis 5 ans. Les derniers fidèles du papier – essentiellement composés de personnes âgées – n’ont qu’à imprimer leur quotidien au distributeur à la demande et sur mesure. Le modèle économique de la presse écrite ayant atteint ses limites, il a bien fallu trouver une solution alternative pour répondre à la demande croissante en informations claires, rapides, fiables, variées et de qualité. Or le basculement vers le numérique n’a pas été la plus rentable pour les patrons de presse français. L’historien des médias, Patrick Eveno, l’avait pourtant expliqué dans son ouvrage « Histoire de la presse française » : « Un lecteur sur Internet rapporte en effet dix à vingt fois moins qu’un lecteur sur le papier. »

Trouver une solution donc. Le chantier entamé quelques années avant ma sortie de l’école de journalisme se présentait vaste. Il touchait au fondement même du journalisme et à ses valeurs.

Et le journaliste dans tout ça ?

Le métier de journaliste a donc dû muter. Face aux pressions de la demande, des lobbys industriels, du progrès technique, de l’économie…et la liste est longue. Deux catégories ont émergé: le journaliste News et le journaliste Long terme. Si cette dernière classe, regroupe des fonctions historiques du journaliste d’investigation attaché à son corps de média, la seconde, a vu naître un nouveau genre de journalistes. Commercial, plurimédia, interchangeable, technicien, excellent orateur, télégénique, le « News » cumulera les casquettes. Organisée en fourmilière, sa rédaction est ouvrière, stakhanoviste, les tâches y sont découpées entre celui allant chercher l’info, celui qui l’exploitera (son, image, texte, données), celui qui assurera sa veille, celui qui la présentera, etc. L’avantage du journaliste News est qu’il pourra tourner entre ces différentes attributions. Ce métier est le plus répandu depuis la mort du papier. C’est normal puisque l’architecture même de la diffusion de l’information change.

Je fais partie des « long terme ». Ma journée type est souvent découpée de la même manière. Mon radio-réveil me tire du lit à 7 heures, premier flash, la radio me suit, intégrée à ma cabine de douche. Ma fille, qui apprend tout juste à lire, énumère les dernières alertes sur la table numérique de la cuisine. Son doigt passe d’un message push à l’autre. L’ascenseur, même topo, les infos. Une chaîne différente est programmée dans ma voiture. A l’arrière ma fille profite de la version numérique de « Mon canard pour les canetons ». Je fais un détour par le centre commercial pour poser mon linge chez le teinturier. A chaque étage trône une colonne de téléviseurs branchés sur plusieurs chaines. Le visiteur n’a qu’à sélectionner un chiffre, pour une fréquence sur son téléphone portable et la chaîne choisie le suit durant toutes ses courses. Ce matin là j’ai rendez-vous avec mon chez de service pour définir l’organisation de ma semaine. Le RDV se déroule dans son petit appartement de Boulogne-Billancourt – comme d’habitude, la rédaction n’ayant gardé qu’une centaine de mètres carrés en Normandie pour « tout ce qui est administratif ».

Allez, n’ayons pas peur, il s’agit juste d’une version probable de l’histoire !

Aurélie M’Bida

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